mardi 5 novembre 2019

une amitié singulière . . .

Louis BOULOUMIE





Si le nom de Louis Bouloumié est associé à la naissance  de la société des eaux Minérales de Vittel,







Louis BLANC





Si celui de Louis Blanc est associé à la révolution de 1848 et à la Commune de Paris, 














Rien ne permet de rapprocher l’histoire de ces deux personnes du XIX° siècle que tout semble séparer.


Pourtant…

Jeunesse :


Louis BLANC est né à Madrid en 1811. Il  était fils d'un haut fonctionnaire impérial pendant l'occupation de l'Espagne. Louis Blanc fait de brillantes études au collège de Rodez. Devenu chef de famille à 19 ans, il quitte le collège et se rend, avec son frère, à Paris. Son voyage à Paris coïncide avec la Révolution de Juillet de 1830.  Sur place, après des collaborations à plusieurs journaux, il gagnera sa notoriété politique au journal « la réforme » à travers la « campagne des Banquets ». Cela se terminera par des barricades dans toute la ville de Paris au soir du 22 février 1848. 

Chapelle du cllège Royal de Rodez


Louis BOULOUMIE est né à Rodez en 1812. Il était le fils d’un ingénieur. A la suite de ses études au collège Royal de Rodez, il se rend à Paris pour des études de droit. Il sera procureur du Roi à Bézier, avant de démissionner et reprendre ses activités d’avocat plus conformes à son engagement républicain.


« Les deux Louis » ont donc passé leurs années collège ensemble et en ont gardé une amitié marquée d’une même idéologie républicaine.  Ces liens ont perduré malgré des parcours et des engagements qui, pour différents qu’ils étaient, n’en ont pas moins conservé la trace de leur évolution commune sur les bancs du collège : le rêve d’une république humaine et bienveillante qui ne les a pas quittés.


1848. Revolution de février / II° république

Louis BOULOUMIE défend  37 personnes coupables de troubles politiques devant la cour d’assise de l’Aveyron. Il approuve l’avènement de la II° république qui fait suite à de la destitution du roi Louis Philippe. Il s’engage plus directement dans la vie politique locale et prend part à la révolution de 1848. Il crée le journal « L’Aveyron Républicain », il est élu au conseil municipal de Rodez. On le nomme  commandant de la garde républicaine.

révolte 1848

Louis BLANC travaille au journal « la Réforme » après des collaborations à divers journaux. Il gagnera sa notoriété politique avec la campagne des Banquets défendue dans ses colonnes. Cette campagne se terminera par des barricades dans toute la ville de Paris au soir du 22 février. Louis Blanc devient membre du Gouvernement provisoire de la II° République. 



1851 : coup d’état de Napoléon III


le coup d'état
En violation de la légitimité constitutionnelle de la 2° république, Louis-Napoléon Bonaparte, Président de la République française depuis trois ans, conserve le pouvoir à quelques mois de la fin de son mandat alors que la Constitution de la Deuxième République lui interdisait de se représenter.




La répression s’installe. Sans surprise, Louis Blanc et Louis Bouloumié sont condamnés à la déportation.



Motif de l’exil pour Louis blanc : Aux élections d’avril 1848, victoire des conservateurs. Louis Blanc, soupçonné d’avoir participé à des émeutes en juin 48 ; il doit fuir pour l’Angleterre. En avril 1849, la Haute Cour de justice de Bourges condamne par contumace Louis Blanc et cinq autres inculpés à la déportation. 
   







Motif de l’exil pour Louis Bouloumié : il a pris la défense de prisonniers politiques accusés d’insurrection. Il exprime son opposition au coup d’état et participe à la création d’une commission constitutionnelle qui proteste contre cette violation de la constitution de la II° république  avant d’être lui-même incarcéré à plusieurs reprises. Il sera définitivement condamné et expulsé du territoire français.





commission de jugement
Avis de la commission mixte sur Bouloumié : « Ancien substitut du procureur du Roi à Villefranche et à Rodez, possesseur d'une belle fortune. Homme intelligent, insinuant, parlant bien, faux et intrigant, le plus adroit des chefs du parti démagogique à Rodez, l'un des gérants du journal L'Aveyron républicain où se retrouvait l'esprit astucieux de cet inculpé. . . . . A fait partie de la commission dite constitutionnelle et a signé en cette qualité la protestation insurrectionnelle. »





L’exil


Louis Bouloumié doit partir en exil pour l’Algérie Compte tenu de son état de santé, le gouvernement accédera à sa demande de s’installer en Espagne. Il sera autorisé à rentrer en décembre 1852. Pour ce faire, il dut écrire une lettre d’allégeance au pouvoir afin d’obtenir cette grâce qui lui permettra de rentrer en France. 





Louis Blanc demeurera plus de 20 ans en Angleterre où il organisera une certaine opposition avec d’autres républicains. Il refusera l'amnistie accordée en 1859 par le gouvernement de Napoléon III qu'il ne reconnaît pas.




Après l’exil

Louis Bouloumié, de santé fragile, a fait de nombreuses cures à Contrexeville. Sur les conseils d’un docteur de la cure, le docteur Baud, Louis Bouloumié s’était mis à utiliser l’eau de Vittel pour se soigner. Soit il se rendait à Vittel, soit il faisait revenir à Contrexeville de l’eau de Vittel pour ses soins. Jusqu’au jour où son propriétaire, le père Rifflard, lassé des allées et venues des curistes dans son pré, a accepté de vendre cette source Gérémoy, participant ainsi à l’acte de fondation de la Société des Eaux de Vittel.





La Commune
Louis Blanc, quant à lui, ne rentrera en France qu’à la défaite de Napoléon III. Il se fera défenseur de la Commune face aux répressions du pouvoir en place. En 1871, il sera élu député sur les listes électorales de l’union républicaine  aux côtés de Clémenceau.









Voici donc deux hommes, issus de la  bourgeoisie provinciale du XIX° siècle. Une jeunesse commune et deux parcours différents teintés d’un idéal républicain partagé. Seuls les aléas de la vie ont fait la différence.







Le destin de Louis BOULOUMIE aurait-il été le même si la maladie ne l'avait pas conduit à Contrexeville puis à Vittel ? 

L’engagement de Louis BLANC aurait-il été différent s’il ne s’était pas trouvé en charge de famille très jeune à la mort de sa mère ?  


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