La Légion d’Honneur et
ses récipiendaires
De Bonaparte
à la Légion d’Honneur
Parfois c’est l’officier de l’état civil lui-même
qui affiche systématiquement cette distinction en début des actes officiels qu’il signe. Parfois, c’est la
famille qui tient à ce que les décorations du témoin, du marié ou du décédé
soient mentionnées dans les registres. Enfin, c’est sur le marbre de leur
pierre tombale qu’elles demeurent fixées à jamais interpelant le passant qui,
s’il est curieux, se demande pourquoi telle personne redevenue, il est vrai
bien anonyme, a mérité une telle reconnaissance de la nation.
Rappelons que cette décoration a vu le jour un 19
mai 1802 et que, dans l’esprit de Bonaparte, elle n’était plus réservée aux
officiers mais ouverte à tous.
Une distinction transverse qui
les régimes et les époques
Destin extraordinaire que celui de cette distinction d’abord au service du Consulat, puis du Premier Empire. Reprise par la Restauration, la Monarchie de Juillet et le Second Empire, elle restera le signe de reconnaissance de la nation envers ses sujets qui ont eu une carrière hors du commun sous les Républiques qui se sont succédées après 1870. C’est donc ainsi que les Grands Maîtres furent, selon les régimes, Consul, Empereur, Roi ou Président de la République.
On s’adapte aux différents régimes et, naturellement, certains symboles de l’Empire seront retirés au moment de la Restauration ;
d’autres seront retenus au fil de l’évolution de la constitution parce que plus
conformes à l’idée de République qu’à celle de la Monarchie. Enfin le choix
d’un profil universel sera préféré à
celui de Napoléon 1° ou à celui d’Henri IV.
A noter que la date de 1870 sur le modèle de la Légion d’Honneur éditée par la IV° République sera retirée puisque faisant trop référence trop liée à la défaite du Second Empire.
Les archives de la Légion
d’Honneur.
Propriété du prince de Salm, guillotiné sous la Révolution, l’Hôtel de
Salm est rayé de la liste des biens nationaux. En 1804, l’Hôtel de Salm trouve
enfin une destination à la mesure de son élégance. Il est acquis pour la Légion
d’honneur sur ordre de Napoléon Bonaparte. L’édifice prend alors l’appellation
de Palais de la Légion d’honneur.
Dévasté par un gigantesque incendie aux derniers jours de la Commune
qui détruira une partie de ses archives, le palais renaît de ses cendres grâce
à une souscription publique lancée auprès de tous les légionnaires et médaillés
militaires. Il abrite aujourd'hui la Grande chancellerie de la Légion d'Honneur
au 1, rue de Solférino et le musée de la Légion d'Honneur au 2, de rue du même
nom.
La base Léonore est une précieuse ressource. La grande chancellerie de
la Légion d’honneur peut vous aider à retrouver des éléments sur la personne
décorée que vous recherchez.
Si cette personne est décédée avant 1977, vous pouvez consulter cette
base. Si cette personne a été décorée au XIXe siècle et que vous ne la trouvez
pas sur la base Léonore, vous pouvez faire une demande au musée de la Légion
d’Honneur par mail musee@legiondhonneur.fr
La base Généanet, rubrique Légion d’Honneur. Cette base de données est
complémentaire de celle de l’Hôtel de Salm car les documents proposés sont des
doubles qui viennent de sources privées mises en ligne grâce à un travail
collaboratif.
Un légionnaire de la première
heure dans l’Ouest Vosgien, Etienne Vouillerez
Etienne est né le 3 août 1746 à Bazoilles sur Meuse au foyer de Martin
Laboureur et de Catherine Bourdot qui s’étaient mariés au village 3 ans plus
tôt.
A l’âge de 23 ans, Etienne est entré comme cavalier au Régiment Royal
de Normandie, Compagnie Moncalm le 3 février 1769. Il y restera jusqu’au 3
février 1777, soit 8 ans de services effectifs.
Il est ensuite incorporé au Régiment des Gardes-Françaises, chargé du maintien de l’ordre royal à Paris à partir du 7 février 1777, d’abord comme soldat, puis comme caporal de grenadier à partir de septembre 1792. En août 1789, il est promu sergent major. Dès les débuts des émeutes révolutionnaires à Paris, il devient sous-lieutenant en décembre 1789. C’est le début de la révolution et la transformation des régiments et de leur destination. Son régiment devient le 103° Régiment de Gardes Nationaux où il sera promu lieutenant. Voici venu le temps des soldats de l’an II alors que Etienne Vouillerey tout fraîchement nommé capitaine va participer aux campagnes napoléoniennes qui vont transformer le profil de l’Europe pour des années. Cette référence aux soldats de l’an II évoque bien sûr un moment très précis dans l’évolution des armées révolutionnaires. C’est l’époque où les armées françaises sont formées de jeunes recrues issues de la levée des 300 000 hommes et de la levée en masse du printemps et de l’été 1793. C’est là que Vouillerey, jeune capitaine va participer à la création des brigades victorieuses qui repoussent l’ennemi au-delà des frontières et entament une guerre de conquête à travers le continent européen.
Les campagnes d’Etienne
Vouillerey :
Etienne a commencé par les campagnes de 1789 à 1792 dans la Garde Nationale
parisienne ainsi qu’en attestent ses
états de services souligné en 1804 par l’Inspecteur Général Procureur Herbin
dans la synthèse qu’il a faite pour les
services de la Légion d’Honneur.
Ensuite, ce furent les campagnes de l’armée du Rhin de l’an II à l’an V de la République, puis celles de l’armée, celles de l’armée d’Italie de l’an VI à l’an VIII et, enfin celles de l’armée de Ouest pour l’an XIX de la République. Autant dire que Vouillerey a été de toutes les campagnes napoléoniennes et qu’il a participé à ces faits de guerre à travers toute l’Europe. Quelle épopée que celle de cet homme, venu d’un petit village en bordure de la Meuse, qui a parcouru de milliers de kilomètres, à pied et à cheval, côtoyé tant de contemporains qui parlaient toutes les langues et tous les dialectes que contenait le continent européen de ce début du XIX° siècle ! C’est pour toutes ces campagnes et tous ces faits d’armes qu’Etienne Vouillerey a été nommé membre de l’Ordre royal de la Légion d’Honneur le 14 brumaire an XIII sous le numéro d’ordre 14427.
Nous savons qu’il a été libéré de ses obligations militaires dans le
courant de l’an X. Qu’il est retourné dans les Vosges et qu’il s’est établi à
Attignéville comme l’attestent les courriers échangés entre les mairies des
villages de Bazoilles et d’Attignéville, la sous-préfecture de Neufchâteau et
la Grande Chancellerie. Pas de trace de mariage ou de famille dans les
registres du secteur de l’Ouest Vosgien. Tout au plus, nous savons, toujours
grâce aux registres de la Grande Chancellerie, qu’il est décédé le 30 juin
1825, soit un mois avant sa sœur, Marie Anne, qui décède le 30 juillet de la
même année à Bazoilles sur Meuse.