mardi 7 août 2018

Exemption annuelle d'impôts à Neufchâteau ! ! !

Il y avait jadis à Neufchâteau une recette principale, avec la perception de la gabelle, des taxes d'entrée et de sortie des denrées ainsi que la gestion d'un entrepôt des tabacs.

Octrois, paiements et entretiens des officiers municipaux, logement et prises en charge des troupes en résidence, frais de gestion des différents offices de la ville, autant de charges conséquentes que la population doit supporter. Ces charges sont d'autant plus lourdes pour la population qu'il y a beaucoup de dispenses et d'exonérations en tout genre.


Nobles, fonctionnaires, gens aisés et influents étaient non seulement dispensés de tout ou partie des impôts qu'ils devaient à la collectivité mais aussi des taxes sur leurs produits de consommation qui étaient eux aussi franchisés.
Il n'était pas jusqu'au joueur d'orgue de la paroisse et aux domestiques des couvents de la ville qui jouissaient de ces franchises.





C'est dans ce contexte particulier qu'un privilège sous forme d'exemption singulière était accordée chaque année. C'était celui du roi de l'oiseau .


Qui est le roi de l'oiseau?

En fait il s'agit d'une tradition très ancienne qui daterait de la création des compagnies d'archers et qui consistait à tirer sur un oiseau en bois fiché au bout d'une longue perche. Cet oiseau ressemblant plus ou moins au perroquet dans sa forme et dans le chatoiement des couleurs dont il est paré, l'exercice a parfois pris le nom de tir au papegault ou tir au papegay avant de devenir l'abat l'oiseau ou Tir du Roy.



L'oiseau de bois aura la taille d'un pouce sur deux ( 2,5cm sur 5cm) et sera monté sur un mât de 15 à 18 m. Il peut également être placé sur un arbre, une tour ou un rempart.

Au début du printemps, on convoque tous les membres de la compagnie pour se mesurer dans un ordre précis établi par un règlement. Chaque archer fait un tir. Si l'oiseau n'est pas abattu, on recommence dans la même ordre.





Pour que le tir soit pris en compte, l'oiseau doit être détaché de son support et l'impact de la flèche marqué visiblement. Ce sont les chevaliers de la compagnie qui en vérifient l'impact.






Celui qui abat l'oiseau devient Roy pour un an. Son statut de Roy de l'Oiseau le dispense de l'impôt pendant la durée de son règne éphémère. 
A la suite de quoi son titre est remis en jeu.

A noter que Bertrand Dugesclin fut Grand Roy du Papegay au Champ Jacquet de Rennes au XIV° siècle !



A Neufchâteau, la tradition du tir au papegay était une coutume ancienne. Cet exercice était pratiqué tous les ans et les droits du vainqueur garantis par odonnance du Duc de Lorraine.
Le papegay était sur un mât fixé sur une tour du château.
Un ordre de tir était établi, en commençant par certains notables de la ville, puis vient le tour des archers selon leurs rangs et grades dans la compagnie
Le premier tir étant réservé au Duc de Lorraine, il est assuré par un notable de la ville "pour l'honneur du Duc". En 1699, ce fut Pierre Louis Sauville, "lieutenant bailliager chef de police gryuer" de Neufchâteau qui remplit cet office. 




Selon les recherches de M. Loeillet, instituteur, dans sa monographie, le vainqueur était proclamé roi de l'oiseau pour un an avec exemption des droits d'octroi, notamment  pour l'encavage des vins et la sortie de grains.




Au fil des années, ce droit a été détourné de ses finalités parce que le Roy de l'Oiseau avait pris pour habitude d'en faire profiter à bon nombre de ses connaissances. 



Léopold, Duc de Lorraine


La ville de Neufchâteau  se trouva donc face à un problème grandissant d'impayés en matière de taxes. Elle a demandé l'arbitrage du Duc Léopold de Lorraine qui supprima ces franchises et exemptions au profit d'une somme fixe de 100 francs barrois versés au vainqueur. Cette somme couvrait largement le montant annuel des impôts ... pour une personne!



Extrait de la monographie de M Loeillet, instituteur à Neufchâteau




Remarques:
1) déformation du mot Papegay en  Pape Gay 
2) la date du 8 juin 1799 est fausse et ne concorde pas avec les dates de Pierre Louis de Sauville, il s'agit du 8 juin 1699
3) la date  laquelle la ville est intervenue auprès du Duc est illisible dans le texte ci-dessus. Elle doit se situer obligatoirement entre 1697 et 1729


dimanche 5 août 2018

Rapport de la Châsse de St Elophe et décharge des cautionnements fait pour sa sûreté

En 1772, la châsse a été confiée à Sieur Courtois, Maître Menuisier de Ruppes afin d'en vérifier l'état et de procéder à sa restauration.
le 20 septembre de la même année, la châsse est de retour à St Elophe.
Le procès verbal de se réception est dressé sur les registres avec une décharge des cautionnements nombreux et importants assurés par des artisans du lieu.



" l'an mil sept cent soixante douze, le vingt du mois de septembre,en présence des Sindics et Maires de cette paroisse, le Sieur Courtois, Maître Menuisier domicilié à Ruppes, a rapporté la châsse de St Elophe qui était déposée chez lui pour la rétablir selon le traité fait entre lui et les dits Maires et Sindics après avoir examiné part devant Mr Paquet prêtre Curé de cette paroisse si la ditte chasse était en l'état voulu par ledit traité en datte du deux août de la présente année et si toute l'argenterie était en égale quentité que lors du transport de la ditte chasse chès ledit Sr Courtois, ayant trouvé le tout dans le meilleur ordre et parfait établissement. "




" Nous Maires et Sindics sous signés avons reçu et agrée daditte chasse, déclarons en être très contents, déchargeons en conséquence ledit Sieur Courtois, ainsi que François Chané demeurant à Ruppes, Pierre Gardeux cabaretier demeurant à Soulosse et Dominique Galland cordonnier demeurant à Brancourt du cautionnement qu'ils avaient fait tous quatre de leurs biens présents et avenir pour la sûreté du transport et du rapport de laditte chasse et les tenons quittes en tous points au sujet de laditte chasse le tou sous l'agrément et du consentement de notre dit Sieur Curé."

Sognatures:
J GARDEUX    /    Joseph MESSAGER    /    Etienne BASTIEN    /    François FLOQUET   /   
 Elophe MALVOISIN    /   M. MARCHAL   /   Jean Pierre CORNELIS   /   Joseph BURNE
PAQUET Curé de St Elophe



samedi 4 août 2018

Les reliques, objet de tous les soins !


Les reliques de St Elophe rythment la vie de la paroisse de Soulosse. Elles assurent non seulement la vie spirituelle de la paroisse, mais aussi les moyens de fonctionnement et de gestion de la Fabrique d'église.

Elles sont donc précieuses à bien des égards, c'est pourquoi

    - On vérifie son contenu à chaque retour de procession
    - On assure son entretien
    - On procède si nécessaire à sa restauration




Procès verbal de la visite de la boette des reliques de St Elophe du 2 août 1772 après vespres



Ce procès verbal fait état d'un traité entre le Sr Courtois et "les fabriciens, sindic et principaux habitans"  ceci  afin "d'y faire toutes les réparations portées dans le traité."

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La description des procédés mis en oeuvre pour déjouer toute violation de la châsse en donne une image assez précise.
- la boette est en étain
- elle est enveloppée d'un morceau de damas cramoisi
- elle est fermée par sur charnière sur le devant.
- un fil cacheté de cire rouge d'Espagne la sécurise.


Le Curé Paquet décrit tous les artifices permettant de s'assurer que la châsse n'a pas subi d'ouverture.


" J'y ai mis l'empreinte de mon cachet pareille à celle que l'on trouvera à la marge du présent procès verbal, j'ai de plus remis le morceau de damas cramoisi autour de la boette, j'y ai mis au milieu du dessus l'empreinte du dit cachet. j'ai ensuite mis un ruban blanc autour de la boette, j'ai cacheté le dit ruban aux deux bouts, l'un tenant avec l'étoffe cramoisie et l'autre comme on peut le voir j'ai aussi mis la même empreinte au bas du milieu du dit ruban au devant de la boette tenant après l'étoffe en sorte qu'il est impossible que jamais la boette soit ouverte, que même le ruban blanc soit ôté et que le morceau de damas cramoisi qui enveloppe la boette soit décacheté sans qu'on le voye surtout avec la conaissance du présent procès verbal dont le double restera dans la chasse pour y avoir recour toutes les fois que les paroisses qui l'auront obtenu la raporteront, et en cas d'enlèvement du dit double, on en prendra toujours une copie sur le présent registre.
Fait double les an Mois et jour avant dit.  Paquet Curé de St Elophe"