jeudi 17 décembre 2020

Etat Civil de communes de la CCOV il y a 300 ans

 C’était il y a tout juste 300 ans




Billet Law

1720, Louis XIV est décédé depuis 5 ans et nous sommes sous la régence de Philippe d’Orléans en attendant que louis XV n’accède au trône. C’est cette année là que le système financier dit Law, tendant à préférer la monnaie papier à la monnaie métallique s’effondre. 







En cette fin de 1720, le parlement de Bretagne est en feu suite à la négligence d’un menuisier ivre qui a mis le feu à son atelier avec une bougie tombée sur des copeaux.  L’incendie durera de 23 au 29 décembre.

incendie


A Neufchâteau, c’est l’époque où l’église décide de s’en remettre à Saint Elophe et à Sainte Libaire pour conjurer une sécheresse persistante en organisant deux processions depuis Soulosse et depuis Grand qui se rejoignent à Neufchâteau  en attirant un nombre impressionnant de fidèles venus des villages environnants.


Dans les villages de la CCOV

Pas de médecin de famille, pas de maternité. C’est en général à domicile que la femme donne naissance à ses enfants. Chez les plus pauvres, on accouche fréquemment à l’étable : les bêtes familières y donnent une chaleur régulière et la paille est facile à nettoyer.  L’atmosphère est d’autant plus facile à imaginer que la maison était souvent organisée autour d’une pièce qui servait à recevoir, cuisiner et dormir, proche de la grange qui accueillait les animaux. Sombre, confiné, avec un sol souvent en terre battue, ce lieu n’a rien à voir avec  les salles de maternités d’aujourd’hui opérationnelles, claires et confortables.



Bazoilles sur Meuse

René, fils de Claude et de Jeanne Mourot s’est marié le 25 juin 1715 à Bazoilles avec Anne Maillard, fille de Jean et de Marguerite Pierson.

Quatrième enfant de cette fratrie, René est né le 2/12/1720.

«  René, fils légitime de René Thouvenin et d’Anne Maillard , est né le troisième jour de décembre 1720 et a été baptisé le même jour par moi, curé soussigné. Il a eu pour parrain René Maillard et pour marraine Marie Anne Thouvenin, tous deux de la paroisse de Bazoille qui ont déclaré ne savoir signer. »




Rebeuville :

Dominique Guénard, fils de Nicolas et de Catherine Georges s’est marié le 14 septembre 1717 à Vouxey avec Anne Barrat.

De cette union est né Claude le 21/12/1720.

« Claude, fils légitime de Dominique Guenard et de Anne Baret son épouse de l’Etanche est né le vingt et un décembre de l’année 1720 et a été baptisé le 22 du même mois et année. Il a eu pour parrain Claude Lionne et pour marraine Anne Platou tous deux de l’Etanche. »



Châtenois :

Joseph Garon, fils de Humbert Garon et de Jaquate Florichan est née le 23/12/1720

« Joseph, fils légitime de Humbert Garon et de Jaquate Florichan ses pères et mères est née le 23° de décembre mil sept cent 20 et a été baptisée les mêmes jour , mois et an du dit vingt et a eu pour parrein Joseph Mangin et pour marreine Damoiselle Catherine Guenel, veuve de Louis Sylvestre lesquels ont signé avec moy. »




Brancourt :

François Mahalin, fils de Nicolas et de Elophe Drouot s’est marié le 37 juillet 1710 avec Jeanne Claudot, fille de Didier et de Elophe Climonet.

De cette union est né Claude Thomas le 22/12/1720.

« Claude Thomas, fils légitime de François Mahalin et de Jeanne Claudot son épouse est né le 22° jour du mois de décembre de l’année 1720 et a été baptisé le vingt troisième jour des dits mois et an. Il a eu pour parrain Claude Eurié de cette paroisse et pour marraine Gabriel Pierrot de la paroisse de Rupes qui ont signé avec moy. »




Greux :

Jean Villard, fils de Mathieu et de Marguerite Vriot, s’est marié avec Anne Agnus, fille de Demende et de Suzanne Hette, le 11 février 1716 à Goussaincourt.

De cette union est née Anne le 22/12/1720.

« Anne Villard, fille légitime de Jean Villard et de Anne Agnusse, son épouse, paroissiens de Greux est née le vingt deux et a été baptisée le même jour. A eu pour parin Pierre Agnusse et pour maraine Anne Gros Jean . »




Neufchâteau :

Claude Rouyer, fils de Louis et de Elisabeth Regnier, s’est marié avec Françoise Robillot, fille de Claude et de Barbe Jaquot le 28 mars 1707 à Neufchâteau.

De cette union sont nées Anne et Jeanne le 22/12/1720.

« Anne et Jeanne, filles légitimes de Claude Rouyer et de Françoise Robillot, son épouse de cette paroisse sont nées le 22 décembre 1720. Elles ont été baptisées le vingt-trois du même mois et an. Anne a eu pour parrain Claude Richard et pour marraine Anne Belosse et Anne a eu pour parrain Claude Deschamp et pour marraine Margueritte Délouvrot  les sudittes marraines ayant déclaré ne savoir signer »



Liffol Le Grand :

Jean Bertrand, fils de Nicolas et de Libaire Mollet s’est marié avec Marie Barbe Lafosse, fille de Hilaire et de Barbe Piraux  le 9 novembre 1717 à Liffol le Grand.

De cette union est née Anne le 24/12/1720.

  « Anne fille de Jean Bertrand et de Marie Barbe Lafosse, son épouse est née le vingt- quatre décembre 1720, a été solennellement baptisée par moy soussigné le même jour et a eu pour parrain Jean Vincent et pour marraine Anne Léonard. »

Elle s’est mariée avec Jean Vincent Buron le 14 septembre 1743 à Liffol le Grand. Elle est décédée le 2 juin 1801 à Liffol.



Balleville :

Jacques Ferÿ, fils de Jean et de Maria Lecoup, s’est marié avec Françoise Thérèse jeandin, fille de Jean et de Anne Paquet, le 29 novembre 1719 à Sandaucourt.

De cette union est né Jacques Nicolas le 26/12/1720

« L’an 1720, le jour de Noël, en l’église paroissiale de Balléville fut baptisé Jacques Nicolas, fils de Jacques Ferÿ et de Françoise Thérèse Jeandin, ses père et mère de Balléville  Le parrain a été Anthoine Merlot au lieu et place du Saint Curé soussigné et la marraine Marie Montmonceau femme à Etienne  Du Fresne aussi de Balléville qui ont signé avec moi curé de la dite paroisse le dit jour. »

L’enfant est décédé le 4 mars 1721 à Balléville.



Comment s’imaginer ces venues au monde ?



Rappelons que ces naissances ont lieu d’ordinaire à la maison, dans un espace quotidien. Le plus souvent dans la pièce commune, c’est-à-dire la seule où il y a une cheminée. A l’aide d’un grand feu de bois, on maintient la chaleur, essentielle à la mère et à l’enfant. Cette pièce est calfeutrée, interdite aux hommes, aux enfants et aux mauvais esprits. La matrone est là. C’est une personne de la communauté villageoise qui a été élue à l’église par le conseil de fabrique au cours d’un office religieux. 








Elle est agréée par le curé et elle  organise l’accouchement. En cas d’urgence, elle procédera à l’ondoiement du nouveau-né.







A chaque naissance, c’est l’affaire de toutes les femmes du village. Parentes, amies, voisines,
  toutes sont là sans invitation formelle pour prodiguer conseils et commentaires à la matrone et à l’accouchée, contrairement à aujourd’hui où l’évènement est devenu très intime. Et elles reviennent les jours suivants, pour aider, conseiller et s’assurer que tout se passe bien.




En cette fin de l’année 1720, l’environnement de la venue au monde d’un enfant demeurait bien rudimentaire  de sorte que, pour les gens des XVIIe et XVIIIe siècles, la naissance de l’Enfant Jésus est moins extraordinaire qu’il n’y paraît.

 



jeudi 3 décembre 2020

 



C’était il y a 150 ans, 1870, Le combat de Lamarche.

Il y a tout juste 150 ans, le 11 décembre 1870 à 10H00 du matin commençait le combat des Fourches dit aussi combat de  Lamarche opposant un détachement de l’armée prussienne aux francs-tireurs du Camp de la Délivrance.



La veille de la bataille.

Depuis quelques temps déjà, de nombreuses escarmouches éclataient dans cette plaine que le début de l’hiver rendait hostile. Et c’est le 10 décembre 1870, alors qu’elle avait été attaquée à Dombrot le Sec, qu’une colonne de Prussiens venant d’Epinal décidait de poursuivre sa progression sur Lamarche. Embusqués dans une campagne qu’ils connaissaient bien,  Les éclaireurs de l’Avant-Garde de la Délivrance en surveillaient chaque mouvement pour rapporter le maximum de renseignements sur l’ennemi aux francs-tireurs repliés sur Lamarche. On tient donc conseil de guerre le soir de ce 10 décembre pour savoir comment venir à bout de cette colonne, forte de 1100 hommes, qui bivouaquait pour la nuit à Frain à quelques 8 kilomètres de là.




Les préparatifs du comité présidé par le sous-préfet Martin

 Certes, avec seulement 300 hommes,  sans artillerie ni cavalerie, ce sera difficile de tenir position face à l’ennemi. Alors, jusque tard dans la nuit, on discute, on échafaude et on arrête la stratégie qui devrait venir à bout du détachement prussien. Le rôle de chacune des compagnies est défini et un plan d’attaque précis est communiqué à chacun des commandants de compagnie ou de section :

Le lieutenant Buhler se rendra au Bois de la Fourrée tandis qu’un détachement de la compagnie du lieutenant Coumès prendra position au  poste de la Tuilerie. Le reste de cette compagnie se déploiera entre le Mont des Fourches et le Mont St Etienne. La compagnie du capitaine Bernard assurera les accès à Lamarche. Les compagnies du sous-lieutenant Rambaux et du capitaine Grégoire assureront les stratégies de replis en fonction de l’évolution des combats.



Le 11 décembre au matin

Dès 10 H. du matin, les premiers Prussiens apparaissent sur la route de Mirecourt à la hauteur du Bois de la Fourrée. Le plan échafaudé par le comité va fonctionner comme prévu. Mais hélas, c’était sans compter sur l’impétuosité du lieutenant Buhler qui, n’en faisant une fois de plus qu’à sa tête, rompt les consignes et, au lieu d’attendre l’arrivée de la colonne prussienne sur la route de Mirecourt, se déporte plus à droite vers un petit bois isolé qu’il suppose menacé par l’ennemi. Naturellement, la colonne prussienne qui arrivait de Frain par la route  se déploie sans obstacle dans le bois de la Fourrée, plongé dans un épais brouillard et recouvert d’une fine couche de neige. Très vite les soldats ennemis  débordent  le dispositif global des francs-tireurs. Vainement, Buhler essaie de revenir sur sa position initiale mais il doit faire face à des conditions météo difficiles et le déferlement des troupes prussiennes en bon ordre de bataille est tel qu’il ne peut être contenu. Les Prussiens se ruent vers le bois et l’occupent avant que les  compagnies du Camp de la Délivrance ne puissent y prendre position.  

L’affaire s’engage bien mal car l’ennemi, dès le début prend l’avantage, à la fois au niveau moral et au niveau topologique.




L’exploit après un combat bien mal engagé

Fort heureusement, le capitaine Bernard et le lieutenant Coumès, malgré le brouillard,  se rendent compte du mouvement des soldats de Buhler et de la faiblesse de leurs lignes. Ils rassemblent leurs hommes en embuscade et les disposent de façon judicieuse derrière les moindres bosquets, monticules ou accidents de terrain. Ainsi disposés au Mont des Fourches, ils offrent un front de bataille qui va surprendre les Prussiens dont ils perçoivent dans le givre et le froid les silhouettes furtives et inquiétantes qui s’approchent.

Dès que les chefs en donnent l’ordre, les francs-tireurs ouvrent un feu nourri qui surprend l’ennemi. Une fusillade impressionnante est engagée de part et d’autre et les Prussiens essayent de jouer sur leur nombre pour passer en force ! Mais leurs efforts sont vains face à une barrière de feu des soldats français d’autant plus efficace que les troupes prussiennes progressent en rangs serrés pour forcer le front par leur avantage numérique. Plus de vingt fois, selon des témoignages, les Prussiens reculent pour repartir à l’offensive. Si bien que, à force d’assauts répétés, les lignes françaises se rompent. Dans un dernier sursaut, les francs-tireurs, aux cris de « à la baillonnette ! » parviennent à retarder l’ennemi, ce qui permet aux compagnies de la Délivrance de se dégager de l’encerclement que les Prussiens projetaient de mettre en place.


 

Le retrait des Francs-Tireurs

Les compagnies Coumes et Bernard se replient en bon ordre sur Lamarche assurés dans leurs mouvements par les compagnies Rambaux et Grégoire. Il était temps car le nombre des soldats prussiens arrivés sur site augmentait et d’autres cavaliers ennemis étaient annoncés.  Cette retraite en bon ordre permit aux différentes compagnies de rejoindre le Camp de la Délivrance malgré la fatigue, dans la neige, le froid et le brouillard. Sans trop de difficultés parce qu’ils furent guidés dans leurs différents itinéraires par les gardes forestiers qui ont fait preuve d’une excellente connaissance des chemins et des sentiers aux alentours de Lamarche. Durant cette retraite, les soldats sont parvenus à sauvegarder un maximum de leur matériel qui fut également rapatrié sur le camp. Dans les jours qui suivirent, le bilan de l’opération fit état d’une quinzaine de morts. Tous les blessés ont été rapatriés sur Lamarche par l’ambulance.

Le décès de 7 soldats du corps franc sont enregistrés sur les registres de l’état civil de Lamarche : Joseph Baudot, de la compagnie Coumes, Jules Fourot, Eugène Jacob, Jean Charles Rauch et ? Gallois de la compagnie de partisans, Fréderic Ieminard et Emile Murjas  de la compagnie Grégoire du Gard

acte décès de Joseph BAUDOT



 acte décès de Jules FOUROT



acte de décès de Eugène JACOB



acte de décès de Jean Charles RAUCH




acte de décès de  ?  GALLOIS



acte de décès de Frédéric Iéménard



acte de décès de Emile Murjas



Côté prussien

A la suite des combats, les Prussiens se sont rapprochés du village de Lamarche en fin de journée, sans toutefois y pénétrer rapidement car ils se méfiaient d’éventuels francs-tireurs restés en embuscade dans le village. Ils occupèrent les axes routiers menant à Lamarche tandis qu’une bonne partie de l’artillerie restait en dehors. Leurs craintes étaient telles que  de nombreuses sentinelles restèrent en faction pour parer à tout de danger.

Leur  bilan des pertes était lourd ; environ 150 hommes blessés, emportés sur des charrettes en direction d’Epinal selon le témoignage de villageois.

Le commandant prussien exigea de la ville de Lamarche une contribution de guerre de 300 000 fr mais n’en perçut que 5500 fr car, craignant une riposte des francs-tireurs,  il donna l’ordre de se rapatrier sur Epinal avant d’en percevoir la totalité.

Mission accomplie pour les francs-tireurs du Camp de la délivrance qui viennent d’assurer pour un temps la sécurité de leur Camp de la Boëne dirigé par le chef militaire Martin, Sous-Préfet de Neufchâteau.



 

C’était il y a tout juste 150 ans, cela se passait dans les bois de Lamarche.

A l’avenir, lorsque vous prendrez la route qui mène de Frain à Lamarche, imaginez une colonne de 1100 Prussiens,  à pied ou à cheval, accompagnés de canons, qui marchent en rangs serrés vers Lamarche où les attendent dans les fourrés 300 francs-tireurs prêts à en découdre …

 


vendredi 2 octobre 2020

Décembre 1870, Raid prussien sur Nogent en Bassigny

 


 

En déplacement sur Langres afin d’obtenir des aides en munitions, Victor Martin fait la connaissance du capitaine Richard et du lieutenant Magnin, connus pour leurs brillants états de service, en particulier dans la région de Nogent en Bassigny…

Voici les faits.

Nogent en Bassigny en fin d’année 1870 




Nous sommes le 6 décembre 1870, un détachement prussien arrive aux portes de la ville pour une réquisition. A la vue de ces soldats sur la place de l’hôtel de ville de Nogent, les villageois se regroupent. La foule manifeste son hostilité quand arrive une compagnie de mobiles de Haute Savoie qui surprend les prussiens et tue 2 sentinelles. S’en suit un combat de rue qui se termine par le décrochement du détachement prussien qui s’enfuit, laissant armes et bagages au village.

 




La réaction ne se fait pas attendre


Le 7 décembre, une colonne forte d’environ 500 hommes apparaît aux portes de Nogent et installe deux batteries sur les hauteurs du bourg. Sur place, la  compagnie de Haute Savoie et la compagnie du Gard s’organisent. Afin de protéger Nogent des combats, elles décident de porter l’affrontement hors des murs de Nogent, l’une se déployant au nord-ouest du bourg, et l’autre vers le sud-est pour une manœuvre concertée d’encerclement de l’ennemi. Mais ils n’en auront pas le temps car les Prussiens, sûrs de ne pas être inquiétés, pénètrent rapidement dans Nogent et commencent à se venger sur les habitants. Ils brisent, pillent, violentent la population. Des notables, dont le maire,  sont pris en otages lorsque, soudain, les compagnies de mobiles réapparaissent en ville. Le commandant St Jean des mobiles de la Haute Savoie tuant de son chassepot le chef de la colonne prussienne ! Les combats continuent, les Prussiens capturent et fusillent des villageois quand le bataillon du Gard entre en scène. Il mitraille la colonne surprise sur son flanc droit qui sera contrainte de se retirer en direction de Biesles entraînant leurs otages avec elle.  500 soldats prussiens soutenus par une puissante artillerie mis en déroute par 150 conscrits armés de bric et de broc ! Un exploit qui galvanisera la résistance dans la région.


 

Réponse bien tardive de la garnison de Langres


Pendant tout ce temps, des appels en direction de Langres avainet été lancés. En vain. Le général Arbelot, gouverneur de Langres ne répondra que bien tardivement en envoyant une colonne de 2000 hommes qui s’arrêtera sur les hauteurs de Vesaignes et ne parviendra à Nogent que vers 15H00 pour saluer la victoire des 2 compagnies.

Naturellement, les Allemands sont furieux de ce deuxième échec. Et ils le font savoir à la population par le biais des otages. Ils se vengeront sur les Nogentais, ils brûleront Nogent ! Le 8 décembre, le Général Arbelot quitte Nogent pour Langres en laissant 1200 hommes sur place. Alors que chacun se prépare au nouvel assaut, la nouvelle tombe : Arbelot décide de retirer les soldats qui étaient restés sur place  laissant le bourg sans défenses. Seules les compagnies de Richard et de Magnin demeureront dans le village avec les mobiles nogentais , soit environ une centaine d’hommes. Naturellement, des espions vont se charger de prévenir le commandement allemand qui décide une expédition de plus de 2000 hommes pour punir Nogent.

 

Deuxième expédition prussienne


Partis de Chaumont l’armée allemande se divise en trois corps. Le premier en ligne droite sur Nogent, le deuxième pour occuper la route de Nogent à Langres sur les hauteurs du bois de Marsois et la pointe élevée de Lapeyrière, le troisième enfin sur la route de Biesles qui mène à Nogent. Encerclée  de toutes parts, Nogent n’a aucune chance.  Qu’à cela ne tienne. On s’organise  et on attend l’ennemi qui ne tarde pas à apparaître  direction Sarcey alors qu’un autre corps installe ses batteries venues par Biesles. Ce déploiement forme un véritable cercle d’enfermement dont Nogent serait le centre. Impossible d’en sortir. La troupe de Magnin s’élance contre les Prussiens en direction de Sarcey. Le combat s’engage à la hauteur de la ferme de Paicheuse. Au même moment les Prussiens bombardent Nogent laissant la voie à leurs troupes qui ravagent les quartiers de la ville haute. Dans les bois de Marsois, la population affolée fuit le bourg, repoussée à coups de fusils  par les troupes venues par la route de Langres. Alors que ces combats font rage, la colonne du centre s’approche de la ville basse.



La ville résiste et pendant plus d’une heure de temps,  l’ennemi peine à avancer. Il doit reculer devant la bravoure et l’ingéniosité des Mobiles et des Turcos. Hélas, l’arrivée du corps du centre sur Nogent le Bas va modifier les lignes de front. Georgin, garde national, sera le premier à s’en apercevoir. Dans un élan désespéré, il abat le commandant de la colonne et un soldat avant d’être à son tour abattu par un feu de peloton. Encerclées de toute part, nos deux compagnies doivent battre retraite vers la seule issue qu’elles pensent possible : Nogent le Bas ! Mais les Prussiens les y attendaient. L’étau se referme et un combat forcené commence qui ne respectera aucunes des règles militaires en vigueur. On massacre civils et militaires, on achève les blessés. Bref, tout ce qui s’offre à leur vue est passé par les armes. On pille, on détruit, on brûle. Les Prussiens répandent dans les maisons du pétrole en abondance de sorte que la ville basse est complètement en feu. Tous les habitants qui essaient de s’échapper des flammes par les portes ou par les fenêtres sont accueillis par des grêles de balles. Dans ce corps à corps sanglant, comment imaginer que certains francs-tireurs vont s’en sortir ? Pourtant . . .

 

Vers la fin de l’assaut

Vers 4H00 de l’après-midi, alors que nos soldats tentent de se réfugier dans la ville haute qui a moins souffert de l’assaut que du pilonnage continu des pièces prussiennes, des troupes de gardes mobiles  du Gard qui apparaissent dans la direction de Montigny, pressent l’armée prussienne à quitter les lieux. Lourd bilan de cette sinistre journée ; l’ennemi avait tué, pillé, volé, saccagé et s’en allait chargée d’un butin important. Heureusement que le régiment de gardes mobiles du Gard ont réagi car les appels à l’aide incessants en direction de Langres sont restés sans réponse. Le gouverneur de Langres  est coutumier du fait et les compagnies de la région le savent. Et rien n’indique que le général Arbelot ait dû rendre compte de son comportement après le conflit comme ce fut le cas de Bazaine.




 







Sur le chemin de la Délivrance



Les gardes rescapés de Nogent continuèrent leurs actions dans la région de Donnemarie où les habitants assuraient leurs retraites au péril de leurs vies. Le  maire Ravier sommé par les Prussiens de dénoncer ces francs-tireurs prit le parti de les aiguiller sur une fausse piste. Ces recherches infructueuses incitèrent les troupes ennemies à la retraite au grand soulagement de la population. Quant à notre  petite troupe reconstituée, elle décida de rejoindre les rangs du camp de la Délivrance où elle fut accueillie par  leur chef Victor MARTIN et ses officiers Adamistre, Bernard,  Coumès et Maillières pour poursuivre leurs actions contre l’invasion prussienne.

 




Les derniers mots au poète Bernard Dimey, enfant du pays de Nogent

« . . . Au monument des Morts qu’on appelait Mobiles

Assassinés pour rien sous Napoléon III,

On déchiffrait des noms mais c’était difficile

Et,  debout, sur le mur, on dominait les bois. . .  »


B Dimey


 

 






samedi 12 septembre 2020

Victor MARTIN, sous-préfet à Neufchâteau en 1870.



Le contexte
L’Alsace et la Lorraine sont envahies. Tous les espoirs s’effondrent les uns derrière les autres. D’abord Sedan, puis les capitulations de Toul,  Strasbourg et enfin de Metz ouvrent la voie vers Paris.
Libérées des résistances lorraines, les troupes prussiennes peuvent progresser. Elles entrent dans Neufchâteau le 6 novembre 1870. Elles s’apprêtent à s’opposer à l’armée de la Loire que le gouvernement provisoire tente d’organiser en évoluant vers Langres et Chaumont. L’état-major allemand utilisera la ville de Neufchâteau comme base arrière qui accueillera une garnison permanente d’un millier d’hommes !



Freycinet


Si les troupes françaises connaissent la débâcle, des groupes de corps francs s’organisent un peu partout que le gouvernement provisoire tentera de rationaliser en les plaçant sous le commandement de corps constitués. Début octobre, avant même l’arrivée de l’avant-garde prussienne, la résistance s’organisait à Neufchâteau autour d’un groupe de personnes qui formèrent dans le plus grand secret un comité de défense nationale. Un des membres du groupe Alexandre Goupil, fut mandaté pour prendre l’attache du gouvernement provisoire qui  siégeait à Tours. Résultat de la démarche de Goupil : par ordre ministériel du 9 novembre 1870 signé par Freycinet , un comité militaire est officiellement institué pour la défense des départements des Vosges, de la Meurthe et de la Meuse.
   





Avec M. Victor MARTIN, néocastrien né le 26 mars 1821, sous-préfet de Neufchâteau,  comme président et chef militaire.  Ce sous-préfet fraîchement nommé  a donc tous les pouvoirs sur le comité qui aura pour mission de freiner voire de barrer la route des assaillants par des actions militaires ciblées. Gambetta, ministre de la guerre, met à disposition du comité un officier de francs-tireurs, le capitaine Bernard, avec la mission de recruter un corps franc qui aura pour nom « Avant-Garde de la Délivrance ».

gouvernement Provisoire


 La naissance de l’Avant-Garde
Tout est donc prêt pour que notre comité présidé par Victor MARTIN commence à recruter et à tisser un maillage propre à harceler l’assaillant. Sauf que, travailler dans le secret à Neufchâteau submergée par les troupes ennemies qui ne cessent d’arriver n’est guère possible. Des indiscrétions parviennent aux oreilles du commandant prussien qui demande des instructions à Epinal pour neutraliser cet embryon de résistance. Prévenus à temps MARTIN et son comité décident de quitter Neufchâteau pour Lamarche. Le même jour, le 27 novembre, le domicile de Victor MARTIN à Neufchâteau est cerné dès l’aube par les Prussiens qui effectuent une perquisition brutale que la famille va subir  plusieurs heures durant.
C’est décidé, Lamarche,  stratégiquement carrefour des départements des Vosges, de la Haute Saône et de la Haute Marne, sera la base de repli du corps franc des soldats de la délivrance.
Enfin, le recrutement commence : Une trentaine d’hommes venus de Langres qui sont commandés par l’officier Coumès, une trentaine d’anciens soldats recrutés par Bernard et environ 25 guides-forestiers placés sous les ordres Rambaux,  garde général des forêts de Bulgnéville pour un effectif d’une centaines d’hommes regroupés dans les bois de Lamarche.
L’information circule et les recrues affluent, qu’elles soient locales ou venues des diverses armées en déroute vaincues dans l’est du territoire. Les traces de ces mouvements sont difficiles à retrouver parce que mal archivées, mais on parlera de 1000 à 1500 hommes en début de 1871
De mi-décembre à mi-janvier, de nombreuses troupes prussiennes passèrent dans la région pour rejoindre l’armée de Werder, officier allemand promu général  après la capitulation de Strasbourg, qui battra l’armée française successivement à Villersexel, puis à Héricourt en janvier.

L’installation du corps franc
Au fil des escarmouches avec les troupes de passage,  la position devient dangereuse et MARTIN décide de s’installer au cœur de la forêt de Boëne à une dizaine de kilomètres de Lamarche. De décembre  70 à janvier 71, les compagnies de francs-tireurs de l’avant-garde de la Délivrance durent s’organiser : elles assurèrent le ravitaillement par des attaques de convois de nourriture, des aides du commandement de Langres et des aides de la population environnante. Le camp prend forme avec la construction de bâtiments pour les soldats et leurs officiers. Le camp fut entouré d’une palissade, protégé par des avant-postes informés par un service de renseignements sur les alentours. Le comité s’occupa d’installer au sein du camp une maréchalerie, une armurerie et une ambulance.

Plan du camp


Des francs-tireurs enfin opérationnels
Bref, l’organisation du camp est assurée et le commandement va pouvoir s’organiser pour les futures opérations militaires. Des missions de natures différentes, selon qu’elles émanent du gouvernement provisoire auprès duquel  Victor MARTIN, Sous-Préfet, prend ses ordres, ou qu’elles soient dictées par les renseignements sur les mouvements des troupes d’occupations. Ces actions se sont déroulées sur un vaste territoire aux confins de la Haute Marne, des Vosges et de la Meuse dans des conditions périlleuses sans moyens ni soutiens logistiques. Bien souvent, les habitants de ces régions durent supporter les actions de répression du commandement allemand qui se vengeait sur la population locale.

Créer un corps franc certes, mais dans quel but ?
Nous l’avons donc vu, Gambetta a donné son feu vert pour la constitution d’un corps franc aux ordres du commandant Bernard et sous la houlette administrative de Victor MARTIN, Sous-Préfet. Mais quelle stratégie avait poussé Gambetta à mettre en place ce corps franc ? Très simple. Depuis que les corps d’armées allemands sont libérés progressivement des sièges qu’ils avaient mis en place, ils se dirigent tout droit vers Paris. On imagine aisément que la difficulté première des troupes ennemies qui s’étendent sur des centaines de kilomètres en sol français, c’est  l’approvisionnement. A telle enseigne que, à chaque fois que l’armée allemande le peut, elle réquisitionne les structures de chemin de fer qui lui permettent d’acheminer très rapidement les troupes, l’armement et la nourriture. Une seule façon de barrer la progression : détruire des voies de communication par chemin de fer. Détruire la ligne Paris / Strasbourg, ligne principale de ravitaillement des armées allemandes engagées au cœur du pays, voilà la mission essentielle du corps franc !





Les préparations


Mais où intervenir ? Sur le viaduc de Liverdun ? sur le viaduc de Fontenoy ? Sur le tunnel de Foug ou sur celui de Pargny? Missionnés par l’ingénieur Goupil et  le capitaine  Coumès partent en reconnaissance de la voie ferrée de Fouard et Commercy. Suite à leurs observations, le Sous-Préfet Victor MARTIN préside une dernière réunion et prend avis de ses différents officiers pour arrêter une décision.  Après bien des délibérations, il fut décidé que ce serait à la hauteur du pont de Fontenoy sur Moselle que la ligne de chemin de fer serait coupée. Le commandant Bernard décide de la composition de la colonne expéditionnaire : le bataillon du Gard, un bataillon de la Délivrance et trois compagnies de partisans.
 Lamarche / Fontenoy, ce sont 90 kilomètres de trajet qui seront à accomplir dans des conditions météo difficiles avec du verglas, de la neige et des températures voisines de moins 20° la nuit. Départ le 18 janvier à midi. La petite colonne forte de 300 francs-tireurs et de 13 officiers choisis préalablement se met en route, accompagnée de la compagnie des mobiles du Gard qui devront faire diversion sur Foug. Ils sont suivis par un chariot rempli de vivres, de munitions et d’outils ainsi que de quatre chevaux portant 200kg de poudre.



Le trajet


Après un arrêt à Vaudoncourt vers 9H du soir, la colonne repart pour la ferme école de Lahayevaux sur les hauteurs d’Attignéville entre Châtenois et Autreville. 40 km de marche dans la neige et le froid. Un des participants témoigne : « Alors commencèrent nos plus grandes misères. La neige s’était accumulée sous le couvert du bois et formait une couche épaisse où nous nous enfoncions jusqu’aux genoux. Le trajet était si difficile que les soldats tombaient épuisés sur le bord du sentier. » Première alerte ! Les Allemands, avertis du fait que des francs-tireurs ont quitté le camp,  commencent à s’agiter, de sorte qu’on abandonne la diversion sur Foug : le bataillon de mobiles du Gard est renvoyé sur Lamarche en renfort sur le camp de Boëne.  Les chasseurs restent cachés dans la ferme école et l’opération de Fontenoy est retardée de 24H. Le 20 janvier, à 6H du soir, la marche est reprise dans le plus profond silence. Après 35 km, la colonne s’arrête vers 3H du matin à la ferme St Fiacre près de Vannes-Le-Chatel. Pour la dernière étape, la colonne est allégée de ses chariots. Les chevaux porteront la poudre et les hommes le matériel.  Il ne faut pas traîner car la proximité de Toul et de ses garnisons d’occupation allemande devient dangereuse. Direction Bicqueley  où nos soldats vont franchir la Moselle à Pierre la Treiche. Pas simple avec tout ce matériel, sans compter les conditions météo désastreuses et la fatigue des hommes. Un bac  improvisé est  enfin prêt pour le passage de la colonne qui parvient à rejoindre l’autre rive avec tout son attirail. Elle arrive vers 6H à Fontenoy, le jour va se lever. Le corps des francs-tireurs sait qu’un détachement prussien est installé dans le village. Ce détachement est fort de 50 hommes, de deux sous-officiers et de 40 hommes de troupes. La gare est surveillée par 10 hommes de garde et, le pont par 2 sentinelles.




le pont de Fontenoy


Le pont va sauter !
Le commandant Bernard distribue les rôles à chacune des compagnies et l’attaque commence ! Les compagnies Coumes et Magnin surprennent le poste de garde et massacrent les sentinelles. Le télégraphe est aussitôt coupé. Pendant ce temps, deux autres compagnies se déploient dans le village à la recherche d’autres soldats allemands à neutraliser. De son côté, la compagnie Adamistre se charge du pont. Elle déblaie le ballast au niveau du puits qui conduit aux  chambres de mines qui avaient été aménagées à la construction du pont, ce que les allemands ignoraient. Après quelques tâtonnements, l’équipe trouve enfin le puits et place la poudre le plus rapidement possible. Les mèches sont allumées et la troupe se replie rapidement sur Fontenoy. Alors que l’Angelus sonne au clocher de Fontenoy, le pont saute dans un fracas épouvantable! Le 22 janvier à 7H30 du matin c’est une brèche de plus de 40 mètres qui  immobilise cette voie de transport stratégique pour les troupes allemandes. Deux arches qui s’engloutissent dans la Moselle. Mission accomplie et le corps franc organise rapidement son repli à travers la forêt de Haye.


destruction du pont


Le retour
Le ralliement est prévu sur la route de Nancy à Toul, direction les bois de Gondreville. Le capitaine Mallière accompagné de quelques hommes les rejoindront en soirée . La colonne  franchit la Moselle recouverte de glace à la hauteur de Maron et arrive à Gimey d’où elle repart vers 5H du soir. Dans la nuit du 23 au 24, la colonne  marque une pose à Vandeléville. Enfin, le 24 janvier au soir, les francs-tireurs de la Délivrance sont  reconnus par les avant-postes du camp de Boëne installés à la hauteur de Bulgnéville.
Bilan de ce coup de force, en 6 jours, les francs-tireurs du camp de la Délivrance  ont parcouru plus de 180 km bravant, le froid, la glace, la neige ou la pluie dans des conditions extrêmes. Ils ont surmonté leurs fatigues et leurs moments de découragement pour assumer l’objectif ultime de leur mission : faire sauter ce pont de Fontenoy. La collaboration entre les hommes et les actions coordonnées entre les différentes compagnies ont permis cet exploit sans que l’expédition ne coûtât un seul homme !

trajet aller / retour



Les habitants de Fontenoy, victimes de la répression
Malheureusement, on ne peut pas en dire autant pour la population de Fontenoy qui dut subir les représailles du commandement allemand. Le 22 janvier,  les prussiens envahissaient le village et chassaient les habitants de leurs maisons pour les rassembler sur un monticule voisin. Dans le froid, sans abris et sans nourriture, ils durent y rester plus de 24H à regarder leur village qui brûlait de la main vengeresse des allemands.  Les Prussiens sont certains de la connivence des habitants avec le commando d’autant qu’ils pensent que l’angélus a sonné comme un signal. En représailles,  23 otages furent conduits à Nancy tandis que, sur ordre de Berlin, le village était pillé et détruit. Comme si ce n’était pas suffisant, le 23 Janvier, un décret impérial ordonnait une contribution de dix millions de francs à titre d’amende. Un avis à la population somme les villages situés dans un rayon de 10 Km  de la ville de Toul de ne plus sonner leurs cloches jusqu’à nouvel ordre.

le ponte détruit


Le village incendié




arrêté de l'état major allemand



Stèle à la mémoire d'une victime civile




Conséquence du raid sur Fontenoy


Suite à l’exploit de Fontenoy, l’irritation des Prussiens était à son comble, ils voulaient exterminer l’avant-garde de la Délivrance. Victor Martin recevait de ses espions des renseignements sur le mouvement des troupes prussiennes à Epinal : 6000 hommes sortis d’Epinal avec 12 canons qui se dirigent vers Lamarche pour détruire le camp! Le sous-préfet MARTIN envoie un émissaire à la recherche d’un appui auprès du général Meyer en résidence à Langres. C’est là qu’il rencontre  Lobbia,  lieutenant de Garibaldi, qui dispose de 1500 hommes et de 2 canons de montagne. Ce lieutenant accepte de se porter au secours du corps franc de la Délivrance  et de barrer la route entre Darney et Lamarche au détachement prussien parti d’Epinal. Mais le sort en décida autrement car, dès le 2 février, un chef d’infanterie prussienne se présentait aux abords des avant-postes de Lamarche avec des drapeaux parlementaires : il se disait mandaté par la commission prussienne de Neufchâteau pour traiter d’une suspension d’armes suite à l’armistice paru au journal officiel du 28 janvier. Refus du sous-préfet qui n’a aucune nouvelle  du commandement français. Après plusieurs jours de menaces et de sommations, le sous-préfet MARTIN recevait l’ordre du gouvernement français d’évacuer le camp de Boëne  et de rejoindre les troupes françaises rassemblées à Châlon sur Saône.




Le départ de l’Avant-Garde de la Délivrance


Le 8 février, l’armée  de la Délivrance quittait Lamarche. Imaginez le spectacle : D’abord les éclaireurs, puis le chef militaire et le comité de Défense Nationale. Puis venaient le bataillon du Gard, commandé par le capitaine Renaud et  le bataillon de la délivrance sous les ordres du capitaine Bernard.  Enfin, le convoi pour le ravitaillement qui se composait d’une quarantaine de voitures de provisions de bouche, d’une dizaine de voitures de munitions, et d’un troupeau d’une quarantaine de bêtes à cornes. Au total plus de 1000 hommes qui se rendaient à Châlon.  Le 13 février, la colonne arrive à Grey où civils et militaires leur rendent honneur. Le 14 février, la colonne obtient le droit de traverser les lignes prussiennes entre deux haies formées par un escadron d’honneur prussien en grande tenue et au port d’armes pour arriver à Dôles où ils furent accueillis par des chants nationaux, des vivats et des fleurs. Rien qui ne manquât au triomphe de l’avant-garde de la délivrance !




L’arrivée à Châlon-sur Saône

Enfin, le 17 février, arrivée à Châlon-sur-Saône. Le Sous-Préfet Victor Martin remet son commandement au capitaine Coumès qui a la charge de conduire ses troupes à Chambéry où elles seront rattachées au corps d’armée du Général Crémer par décision ministérielle. MARTIN, quant à lui, est attendu à Bordeaux par le Gouvernement Provisoire  pour la  rédaction d’un rapport circonstancié sur les faits et gestes du Comité militaire des Vosges, de la Meurthe et de la Meuse sur la période qui part de la date de sa nomination à Neufchâteau à la reddition de février. Les officiers de l’avant-garde de la Délivrance furent immédiatement décorés de la Légion d’honneur par le gouvernement de la Défense Nationale alors que leur chef, au grand regret des membres du comité, dut attendre 10 ans avant de l’être à son tour en  janvier 1881. 
compte rendu de la main du sous-préfet Martin



Il le fut par le Grand Chancelier « pour services exceptionnels rendus pendant la guerre de 1870/71 ». Pourquoi si tard ? La réponse est probablement politique. Souvenons-nous : Gambetta démissionne le 7 février de son ministère et, le 17 février, Thiers est élu chef du pouvoir exécutif. Le 25 février Victor MARTIN adresse son rapport au gouvernement fraîchement remanié. La collaboration et la  complicité du sous-préfet  avec Gambetta durant cette période a-t-elle joué en sa défaveur alors que l’ancien ministre de l’intérieur était banni des sphères gouvernementales naissantes ? Nul ne le sait.

nomination pour la Légion d'Honneur


Epilogue

Un monument commémoratif a été érigé sur la commune de Fontenoy sur Moselle par souscription publique en 1899. Son originalité, en dehors de sa conception, réside dans le fait que tous les noms des protagonistes, militaires et civils, victimes ou survivants,  sont portés sur les plaques du monument. Tous ? Sauf celui du Président du Comité de l’avant-garde de la Délivrance.


Monument à Fontenoy sur Moselle


plaque du monument

Gravure du monument



Victor Martin a terminé sa vie à Rouceux où il est décédé le 4 janvier 1895. Quelles traces reste-t-il de son engagement dans la lutte contre les Prussiens, de ses exploits salués par tous, y compris par les troupes  des vainqueurs ? Une rue de Neufchâteau, sa ville natale, et un titre sur son acte de décès : « Chevalier de la Légion d’Honneur, Sous Préfet du Gouvernement de la Défense Nationale, ancien Président du Comité de Défense militaire des Vosges. »





Extrait de décès



Tombe allée E Neufchâteau