C’était il y a 150 ans,
1870, Le combat de Lamarche.
Il y a tout juste 150 ans, le 11 décembre 1870 à 10H00 du
matin commençait le combat des Fourches dit aussi combat de Lamarche opposant un détachement de l’armée
prussienne aux francs-tireurs du Camp de la Délivrance.
La veille de la bataille.
Depuis quelques temps déjà, de nombreuses escarmouches éclataient dans cette plaine que le début de l’hiver rendait hostile. Et c’est le 10 décembre 1870, alors qu’elle avait été attaquée à Dombrot le Sec, qu’une colonne de Prussiens venant d’Epinal décidait de poursuivre sa progression sur Lamarche. Embusqués dans une campagne qu’ils connaissaient bien, Les éclaireurs de l’Avant-Garde de la Délivrance en surveillaient chaque mouvement pour rapporter le maximum de renseignements sur l’ennemi aux francs-tireurs repliés sur Lamarche. On tient donc conseil de guerre le soir de ce 10 décembre pour savoir comment venir à bout de cette colonne, forte de 1100 hommes, qui bivouaquait pour la nuit à Frain à quelques 8 kilomètres de là.
Les préparatifs du comité présidé par le sous-préfet
Martin
Certes, avec seulement 300 hommes, sans artillerie ni cavalerie, ce sera difficile de tenir position face à l’ennemi. Alors, jusque tard dans la nuit, on discute, on échafaude et on arrête la stratégie qui devrait venir à bout du détachement prussien. Le rôle de chacune des compagnies est défini et un plan d’attaque précis est communiqué à chacun des commandants de compagnie ou de section :
Le lieutenant Buhler
se rendra au Bois de la Fourrée tandis qu’un détachement de la compagnie du
lieutenant Coumès prendra position au
poste de la Tuilerie. Le reste de cette compagnie se déploiera entre le
Mont des Fourches et le Mont St Etienne. La compagnie du capitaine Bernard
assurera les accès à Lamarche. Les compagnies du sous-lieutenant Rambaux et du
capitaine Grégoire assureront les stratégies de replis en fonction de
l’évolution des combats.
Le 11 décembre au matin
Dès 10 H. du matin,
les premiers Prussiens apparaissent sur la route de Mirecourt à la hauteur du
Bois de la Fourrée. Le plan échafaudé par le comité va fonctionner comme prévu.
Mais hélas, c’était sans compter sur l’impétuosité du lieutenant Buhler qui,
n’en faisant une fois de plus qu’à sa tête, rompt les consignes et, au lieu
d’attendre l’arrivée de la colonne prussienne sur la route de Mirecourt, se
déporte plus à droite vers un petit bois isolé qu’il suppose menacé par
l’ennemi. Naturellement, la colonne prussienne qui arrivait de Frain par la route se déploie sans obstacle dans le bois de la
Fourrée, plongé dans un épais brouillard et recouvert d’une fine couche de
neige. Très vite les soldats ennemis débordent le dispositif global des francs-tireurs.
Vainement, Buhler essaie de revenir sur sa position initiale mais il doit faire
face à des conditions météo difficiles et le déferlement des troupes
prussiennes en bon ordre de bataille est tel qu’il ne peut être contenu. Les
Prussiens se ruent vers le bois et l’occupent avant que les compagnies du Camp de la Délivrance ne
puissent y prendre position.
L’affaire s’engage
bien mal car l’ennemi, dès le début prend l’avantage, à la fois au niveau moral
et au niveau topologique.
L’exploit après un combat bien mal engagé
Fort heureusement, le
capitaine Bernard et le lieutenant Coumès, malgré le brouillard, se rendent compte du mouvement des soldats de
Buhler et de la faiblesse de leurs lignes. Ils rassemblent leurs hommes en
embuscade et les disposent de façon judicieuse derrière les moindres bosquets,
monticules ou accidents de terrain. Ainsi disposés au Mont des Fourches, ils
offrent un front de bataille qui va surprendre les Prussiens dont ils
perçoivent dans le givre et le froid les silhouettes furtives et inquiétantes
qui s’approchent.
Dès que les chefs en donnent l’ordre, les francs-tireurs ouvrent un feu nourri qui surprend l’ennemi. Une fusillade impressionnante est engagée de part et d’autre et les Prussiens essayent de jouer sur leur nombre pour passer en force ! Mais leurs efforts sont vains face à une barrière de feu des soldats français d’autant plus efficace que les troupes prussiennes progressent en rangs serrés pour forcer le front par leur avantage numérique. Plus de vingt fois, selon des témoignages, les Prussiens reculent pour repartir à l’offensive. Si bien que, à force d’assauts répétés, les lignes françaises se rompent. Dans un dernier sursaut, les francs-tireurs, aux cris de « à la baillonnette ! » parviennent à retarder l’ennemi, ce qui permet aux compagnies de la Délivrance de se dégager de l’encerclement que les Prussiens projetaient de mettre en place.
Le retrait des Francs-Tireurs
Les compagnies
Coumes et Bernard se replient en bon ordre sur Lamarche assurés dans leurs
mouvements par les compagnies Rambaux et Grégoire. Il était temps car le nombre
des soldats prussiens arrivés sur site augmentait et d’autres cavaliers ennemis
étaient annoncés. Cette retraite en bon
ordre permit aux différentes compagnies de rejoindre le Camp de la Délivrance malgré
la fatigue, dans la neige, le froid et le brouillard. Sans trop de difficultés parce
qu’ils furent guidés dans leurs différents itinéraires par les gardes
forestiers qui ont fait preuve d’une excellente connaissance des chemins et des
sentiers aux alentours de Lamarche. Durant cette retraite, les soldats sont
parvenus à sauvegarder un maximum de leur matériel qui fut également rapatrié
sur le camp. Dans les jours qui suivirent, le bilan de l’opération fit état
d’une quinzaine de morts. Tous les blessés ont été rapatriés sur Lamarche par
l’ambulance.
Le décès de 7 soldats du corps franc sont enregistrés sur les registres de l’état civil de Lamarche : Joseph Baudot, de la compagnie Coumes, Jules Fourot, Eugène Jacob, Jean Charles Rauch et ? Gallois de la compagnie de partisans, Fréderic Ieminard et Emile Murjas de la compagnie Grégoire du Gard
acte décès de Joseph BAUDOT
acte décès de Jules FOUROT
acte de décès de Eugène JACOB
acte de décès de Jean Charles RAUCH
acte de décès de ? GALLOIS
acte de décès de Frédéric Iéménard
acte de décès de Emile Murjas
Côté prussien
A la suite des
combats, les Prussiens se sont rapprochés du village de Lamarche en fin de
journée, sans toutefois y pénétrer rapidement car ils se méfiaient d’éventuels
francs-tireurs restés en embuscade dans le village. Ils occupèrent les axes
routiers menant à Lamarche tandis qu’une bonne partie de l’artillerie restait
en dehors. Leurs craintes étaient telles que de nombreuses sentinelles restèrent en faction
pour parer à tout de danger.
Leur bilan des pertes était lourd ; environ
150 hommes blessés, emportés sur des charrettes en direction d’Epinal selon le
témoignage de villageois.
Le commandant
prussien exigea de la ville de Lamarche une contribution de guerre de 300 000
fr mais n’en perçut que 5500 fr car, craignant une riposte des francs-tireurs, il donna l’ordre de se rapatrier sur Epinal
avant d’en percevoir la totalité.
Mission
accomplie pour les francs-tireurs du Camp de la délivrance qui viennent
d’assurer pour un temps la sécurité de leur Camp de la Boëne dirigé par le chef
militaire Martin, Sous-Préfet de Neufchâteau.
C’était il y a tout juste 150 ans, cela se passait dans les bois de
Lamarche.
A l’avenir, lorsque vous prendrez la route qui mène de Frain
à Lamarche, imaginez une colonne de 1100 Prussiens, à pied ou à cheval, accompagnés de canons, qui
marchent en rangs serrés vers Lamarche où les attendent dans les fourrés 300
francs-tireurs prêts à en découdre …
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