Pompierre
Le village de
Pompierre est situé sur la voie romaine entre Langres et Metz. Selon différentes
étymologies le village était autrefois nommé Pont de Pierre, d’où ce nom
aujourd’hui. Parmi les différentes explications avancées, celle de « Pont
de Pierre » se justifie par l’existence d’un pont autrefois bâti sur le
Mouzon. Selon ce que rapporte Grégoire de Tours, ce pont a été, en 577, le
théâtre d'une rencontre historique entre Gontran, roi de Burgondie, et le jeune
Childebert II, roi d'Austrasie, fils de
son demi-frère. Lors de cette rencontre, le roi de Burgondie adopte son neveu, scellant
les prémices de l'unification des royaumes de Burgondie et d'Austrasie. Citons Dom Calmet, « le Roi de Burgondie déclara ses
intentions aux régents d’Austrasie et les pria d’amener le jeune roi à la villa
de Pont-de-Pierre, située sur un affluent de la Meuse, à la frontière des deux
royaumes entre la Mothe et Neufchâteau. »
L’église du village
Cette époque est
rappelée par le portail de l’église de Pompierre. Pour marquer cette adoption,
le roi Gontran qui avait perdu ses deux fils fit édifier une chapelle richement
ornée par les meilleurs artistes de l’époque. Hélas, la région aux frontières
de la Bourgogne de la Lorraine et de la
France fut le théâtre de bien des conflits. Population décimée et habitat
dégradé telles furent les conditions de vie pour ne pas dire de survie dans
cette région de passage. Ce qui n’empêche
pas la mémoire collective de faire son chemin. Et c’est ainsi qu’une
église fut érigée sur les bases de la chapelle au XI° siècle. Le vieux portail,
ce témoin d’une page d’histoire sur le séjour des petits-fils de Clovis au
village, a donc survécu à près de 8
siècles d’histoire.
En 1793, alors que
les révolutionnaires détruisaient les édifices et décapitaient les statues, un
habitant de Pompierre « apprenant qu’on mutilait les saints »
décidait, à la nuit tombée, d’aller recouvrir d’un enduit de plâtre épais toute
la façade du portail, sauvant ainsi probablement l’ensemble de la façade de
l’église. Après des restaurations et une évolution de l’édifice à travers les
âges, on ne parlerait plus aujourd’hui de façade mais de ce qui est devenu
l’entrée principale de l’église donnant à l’ouest sur l’ancienne voie romaine.
La chapelle
Pompierre dans la dernière décennie avant la
révolution.
Nous l’avons vu,
Pompierre est un tout petit village de 500 à 600 habitants
Population
relativement stable :
1779 : Naissances 3
garçons, 2 filles. Décès : 14 Mariages : 1
1780 : Naissances 17
garçons, 6 filles. Décès : 17 Mariages : 2
1781 : Naissances 10
garçons, 8 filles. Décès : 7 Mariages : 6
1782 : Naissances 3
garçons, 8 filles. Décès : 3 Mariages : 10
1783 : Naissances 16
garçons, 14 filles. Décès : 16 Mariages : 6
1784 : Naissances 12
garçons, 12 filles. Décès : 10 Mariages : 6
1785 : Naissances 7
garçons, 13 filles. Décès : 19 Mariages : 3
1786 : Naissances 12
garçons, 8 filles. Décès : 20 Mariages : 4
1787 : Naissances 9
garçons, 9 filles. Décès : 17 Mariages : 2
1788 : Naissances 16
garçons, 14 filles. Décès : 29 Mariages : 3
1789 : Naissances 10
garçons, 10 filles. Décès : 14 Mariages : 2
Au total, sur une
décennie, 229 naissances (115 garçons et, 104 filles ) pour 166 décès et 45
mariages. L’état civil de la dernière décennie du XVIII° à Pompierre affiche
une démographie équilibrée avec une progression d’une soixantaine d’individus
sur dix ans.
A la veille de la Révolution
En 1789, la paroisse
était desservie par Charles Henri ROCHELLE, prêtre et curé du village, nommé
par le seigneur du lieu, Charles Nicolas Joseph Comte de LAVAUX; il est secondé
par Joseph ROYER Prêtre vicaire du même lieu.
Charles Henri
décèdera le 7 février 1791 après 44 ans passés au service de la paroisse de
Pompierre et d’écriture sur les registres paroissiaux. Le premier acte
enregistré par le curé Rochelle dans les registres date du 7 mars 1748. C’est
l’acte de naissance de Catherine, fille de Jean MAIRE et de Marguerite CHAPLIER.
Le dernier acte
signé de sa main sera celui de la naissance de Nicolas, fils de François
RENAUD, laboureur et de Marie MOUGIN le 4 mai 1789.
Son acte de décès
est signé par les prêtres de Soulaucourt, Nijon, Jainvilotte, Circourt et
Pompierre.
Après le décès du
prêtre ROCHELLE, ROYER assurera le
service de la paroisse avant d’être remplacé par Claude François MARCHAL,
lui-même remplacé peu de temps après par Claude Joseph BOUCIROT qui écria le
dernier acte sur les registres paroissiaux avant de passer la main à l’officier
de l’état civil provisoire tout nouvellement nommé par l’Assemblée
Constituante.
Le dernier acte du
prêtre BOUCIROT sera celui de la naissance de Joseph BARDOLET.
« Joseph, fils naturel de Jeanne BARDOLET, fille
de Jean BARDOLET est née le vingt quatre novembre 1792 vers les cinq heures du matin été baptisée le
même jour par moi, curé soussigné. Il a eu pour parrain Joseph GUEDON, citoyen
de Pompierre et pour marraine Thérèse COLAS, fille de Jacques COLAS, citoyen de
Pompierre qui a déclaré ne savoir signer, ce interpellée et lecture faite, le
parrain ayant signé avec moi. »
Le registre est
officiellement arrêté de ces mots : « ce
jourd’huy 25 novembre 1791 nous, officiers municipaux de la commune de
Pompierre en exécution de la loi nous étant adressée, nous nous sommes rendus à
l’église paroissiale du dit lieu nous avons clos et arrêté les
registres. » signé : GUYON, MAIRE et GUILLAUME.
Le premier acte de
l’état civil de Pompierre sera celui de la naissance de Barbe Catherine BRENEL.
La formulation de l’acte change sensiblement : « Ce jourd’hui, 28 novembre 1792, vers les 5 heures du soir s’est
transporté à la Maison du Maire de la Commune de Pompierre, maison
provisoire, et lui Maire soussigné
faisant fonction d’officier public, Louis PILOT citoyen de Pompierre qui a
déclaré au maire en présence de Jean RENAUD, cordonnier et citoyen de Pompierre
et de Catherine PERIN, citoyenne de Vrécourt, tous les deux témoins majeurs, que
vers 7 heures du soir Barbe BRENEL sa femme était accouchée en son domicile,
par lui présentée à la maison commune et par lui prénommée Barbe Catherine,
laquelle déclaration rédigée à l’instant,
il a signé avec Jean RENAUD . »
Continuité de l’état civil malgré la révolution.
Chose étrange, le
changement radical et parfois violent entre les anciennes institutions et la
toute nouvelle république n’a pas été significatif. Après un arrêt officiel des
registres paroissiaux, c’est le maire qui s’improvise officier de l’état civil
en remplacement de BOUCIROT, curé de la paroisse, le 25 novembre 1792 en
attendant la nomination du nouvel officier de l’état civil en janvier 1793 qui
ne sera autre que BOUCIROT, officier de l’état civil ! A l’époque déjà, le
changement dans la continuité.