Acquisition
du Conseil Général en 1818
Le Conseil Général des Vosges a acquis la maison de
jeanne d’Arc au début du XIX° siècle par un concours de circonstances un peu
particulier. En effet, des propositions d’achat avaient été faites aux derniers
propriétaires par des Prussiens puis par des Anglais. Les premiers se
proposaient même de n’acheter que le fronton qui avait été déplacé et installé
sur le bâtiment d’habitation principale des occupants, Rue du Moulin.
Cette maison
qui a appartenu à la famille de Jeanne d’Arc a changé plusieurs fois de propriétaires,
plus ou moins connus, et dont les traces se perdent dans les archives jusqu’au
premier quart du XVIII° siècle où on peut identifier la famille Gérardin comme
propriétaire du lieu ou plutôt des lieux car il s’agit d’un ensemble de maison
rue du Moulin qui cache la petite maison dans l’arrière-cour. Rien de bien
remarquable donc dans ce petit appentis qui sert de remise et d’écurie pour la
maison d’habitation des Gérardin venus de Punerot.
La famille Gérardin.
Nous retrouvons les premières traces de l’origine de cette lignée dans les registres de Punerot où Eloy, fils de Pierre et de Jeanne voit le jour le 27 juin 1647.
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naissance Eloy Gérardin |
Il s’agit d’une famille de laboureurs composée de 5 enfants dont la descendance vivra essentiellement dans les villages en bordure de Meuse et ce sur plusieurs siècles. Eloy se mariera trois fois à Punerot. Tout d’abord avec Marguerite Brion le 23 janvier 1674. Le couple aura 3 enfants. Puis avec Elisabeth Didelot le 3 juin 1682. Enfin avec Michèle Gérard le 16 juin 1686. le couple aura 6 enfants.
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Mariage Gérardin / Brion |
Jean, troisième enfant du premier lit, s’installe à Domrémy où il se marie le 15 juin 1700 avec une fille du village, Nicole Floquet. Albert, deuxième enfant de ce couple de laboureurs, s’installera comme vigneron au village. Il se mariera 3 fois, tout comme son grand-père paternel. Avec Anne Pillard le 7 février 1730 à Domrémy, avec Anne Travers le 21 octobre 1730 à Greux et avec Jeanne Noël le 17 janvier 1769 à Saulxures lès Vannes. Le 17 octobre 1777 Jeanne Noël donne le jour à Jean Nicolas à Domrémy dans une des maisons acquises par son père, Rue du Moulin. Il est le deuxième enfant de ce troisième lit et premier de tous les fils d’Albert. Il héritera donc de l’ensemble de maisons situées Rue du Moulin à Domrémy la Pucelle dont celle dite maison de Jeanne d’Arc.
plan du secteur de la maison de Jeanne |
18 ans à la révolution française, 33 ans à la
naissance du premier empire, 40 ans à la restauration, Jean Nicolas sera tout à
la fois vigneron, garde forestier et soldat.
Après une dizaine de campagnes à son actif, cet ancien
soldat du 27éme régiment de dragons sous Napoléon sera réformé pour cause de
blessures. Désormais pensionné, il rentre au pays en septembre 1807 titulaire de son congé pour
services rendus.
Il unit sa destinée à Elisabeth Boudin, une fille
du pays, le 25 juillet 1808 à Domrémy.
De cette union naîtront 7 enfants, quatre filles et trois garçons, entre
1809 et 1824. Voilà campé ce personnage haut en couleur qui sera l’unique héritier
de ce patrimoine immobilier à Domrémy. Nul doute que, dans la famille, chacun
est conscient de la valeur morale et historique de cette maisonnette
discrètement nichée en fond de cour à l’abri des regards.
Nul doute aussi que la proposition d’un officier
Prussien de racheter son bien pour la somme de 6000 frs l’a fait réfléchir,
d’autant qu’il n’y avait aucune garantie quant à la protection de la maison de
Jeanne. Bien entendu, le Prussien a essuyé un refus mais, l’idée faisant son
chemin, Jean Nicolas entreprend une démarche auprès du Conseil Général des
Vosges. Nous sommes en 1818, sous le règne de Louis XVIII quand Jean Nicolas
Gérardin entreprend ses démarches.
La vente de la maison de Jeanne d’Arc
Assisté de
M. Muel, Maître de forges à Sionne et représentant du Conseil Général, il rencontre
M. Boula de Colombiers, préfet mandaté par le Conseil Général des Vosges.
A la suite de cette entrevue, le 20 juin 1818, un
acte de vente est signé entre les parties. Montant de la transaction 2500€
alors qu’il avait refusé la proposition prussienne beaucoup plus avantageuse de
6000€. Inutile de dire que, pour l’époque, la différence de 3500€, c’est une
somme considérable abandonnée par le propriétaire pour des raisons patriotiques
qui seront immortalisées sur une médaille éditée par la ville d’Orléans.
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Maison de Jeanne d'Arc à Domrémy 88 |
« Nicolas
Gérardin, dragon au service de France, retraité pour cause de blessures reçues
à la défense du territoire français", et vigneron à Domrémy,
"déterminé par le désir de faire en faveur des habitants du département
des Vosges une concession qui leur soit agréable, et plus encore, par l'amour
de sa patrie et du roi son bien-aimé souverain »"
« …
comme ladite maison se contient avec tous ses bâtiments, son jardin potager au
derrière, le buste de ladite Jeanne d'Arc placé à l'extrémité, au-dessus de la
couverte de l'entrée principale, ses terrains et accincts tant intérieurs qu'extérieurs...
la totalité située près l'église dudit Domrémy, en la rue du Moulin »
«
…Cette cession ainsi faite et consentie par ledit Gérardin, à la condition que
quelle que soit à l'avenir la disposition du local, son objet principal, et
quels que soient les changements qu'il doive éprouver, il en sera le gardien,
tant qu'il vivra, au surplus, tant que par sa conduite, il méritera d'être
chargé de ce gardiennat, garde qu'il demande au reste comme faveur spéciale, et
pour le maintenir, lui et sa famille dans le souvenir d'une habitation à
laquelle il tenait à raison des vertus et de l'héroïsme de Jeanne d'Arc...,
moyennant la somme de deux mille cinq cents francs en principal »
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Médaillon de la stèle |
En guise
d’épilogue
L’aîné des 7 enfants de Jean Nicolas, vivra
également à Domrémy où il se mariera le 29 janvier 1845 avec Marguerite Octavie
Arnould. De cette union naitra Nicolas Ernest le 7 septembre 1851. Et c’est lui
qui terminera notre propos. Installé dans la Marne, à Sézanne, où il travaille
comme conducteur des Ponts et Chaussées, il se retrouve dans le besoin suite à
de gros problèmes de santé. Du moins est-ce ce qu’il dit d’abord au Conseil
Général des Vosges à qui il demande une aide sous forme de subvention en
reconnaissance de l’acte généreux que son aïeul a fait au département. Depuis
1906, le département lui octroie chaque année la somme de 200frs. Cette aide
prenant fin en 1911, il renouvelle sa demande, dans un rapport dont les
conclusions ont été acceptées.
Dans le même temps il adresse un courrier au maire d’Orléans :
« Monsieur le Maire,
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Lettre à Orléans 1 |
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lettre Orléans 2 |
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Lettre Orléans 3 |
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Lettre Orléans 4 |
Nulle trace de la proposition anglaise dont il est
question dans ce courrier. Pas plus de la réponse du conseil municipal
d’Orléans.
Par contre, le recensement de 1911 sur Domrémy
confirme effectivement la présence des 2 sœurs Mathilde Aimé, épouse Norguin
domiciliée Rue du Moulin, gardienne de la maison avec son fils Georges et celle
de Marie Appoline Aimée Gérardin domiciliée Rue de l’Isle gérante du bureau de
tabac.
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Recensement Norguin / Gérardin à Domrémy |
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Recensement Gérardin à Domrémy |
J. Voirin, Président du Cercle Généalogique du Pays
de Jeanne
à propos de Jeanne d'Arc
M. Claude Poinsot propose une exposition sur Jeanne d'Arc unique en son genre. "Passion Jeanne d'Arc" s'exposent au musée Counot de Liffol le Grand ouvert les samedis et dimanches, avec une possibilité de visite guidée à la demande.
Il s'agit de pièces rares; écrits, images et statues de Jeanne qui retracent chronologiquement son épopée.
Tout à la fois, histoire de Jeanne, histoire de l'utilisation de l'icône dans la vie politique et histoire de l'imagerie populaire de cette héroïne, cette exposition ne manque pas d'interroger sur l'actualité d'une figure qui n'en finit pas d'inspirer le monde politique.
A voir absolument!
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