samedi 22 février 2020

1870 Aux portes de Chaumont . . .

Commençons par un petit village de la plaine des Vosges, Pompierre, nous sommes au milieu du XIX° siècle.
Jacob HATT s'est installé au village avec son épouse, Catherine FICULIER. Jacob est berger, il organise son itinérance en fonction des besoins des villages de la plaine. 
Le couple se fixera pour quelques années à Pompierre et aura plusieurs enfants dont Joseph né en 1847. 

acte de naissance de Joseph Hatt


En 1849, la famille Hatt déménage pour St Blin où Jacob continuera son métier de berger.




La population de cette plaine rurale vit une période trouble qui se terminera par la défaite du second empire et la naissance de la deuxième république.

Au cours de ce conflit napoléonien, la famille Hatt perdra deux des ses fils, Joseph et Jean Baptiste, qui ont participé aux combats de 1870. Leurs transcriptions respectives seront portées sur les registres de la maire de Chantraine en Haute Marne.



Après la défaite de Napoléon III à Sedan, l'annonce de la capitulation provoque un soulèvement populaire à Paris. 




Suivent la chute du second empire et la proclamation de la troisième république le 4 septembre 1870. Un gouvernement provisoire est aussitôt créé.


En réaction, un mouvement patriotique traverse tous les milieux politiques, parfois au delà des frontières, comme ce fut ce cas avec Garibaldi qui se met au service de la France.







Ce mouvement qui va des Vendéens royaliste aux chemises rouges de Garibaldi, s'organise de façon anarchique. Des bataillons de " mobiles" de la Garde Nationales se confondent avec les territoriaux pour faire face à l'ennemi. Des francs tireurs harcèlent les arrières de l'armée allemande. Mais, faute de cadres, d'équipements et de formations militaires suffisantes, ces volontaires ne sont pas en mesure de d'arrêter la progression des troupes allemandes aguerries.




C'est dans ce contexte qu'une unité de volontaires de la Haute Marne a été levée afin de s'opposer à l'avance des troupes prussiennes sur Chaumont. 

Cette unité barre la route de Chaumont au sud; la deuxième compagnie du capitaine Dubos participe au combat. Elle s'est battue le 6 novembre à Provenchères sur Marne. Elle est faite prisonnière. Un des militaires français ayant fait feu sur un Prussien, la compagnie est massacrée en représailles.



C'est bel et bien un massacre sur ces volontaires de la région qui seront tués dans le bois de la Chesnoye, entre Marault et Bettenay, à telle enseigne que, parmi ceux qui ont survécu, on retrouve le caporal Labarrère, originaire de la Meuse, qui a été touché à l'oeil gauche par un coup de baïonnette, au poignet gauche par un coup de feu. Il lui avait été dénombré plus de vingt blessures par coups de sabres . . .  heureusement sans gravité! Tout de même!



L'état civil du bourg haut-marnais de Marrault en témoigne: c'est donc le 7 novembre 1870, à 17H00, que deux habitants du village, François-Antoine Maigrot et Henri-Louis-Eugène Leseur, viennent en mairie déclarer la mort de 38 hommes entre 14 et 16H00, au  le bois de la Chesnoye, sur la route de Bretenay.
Ces hommes, précisaient les témoins, étaient revêtus de "l'uniforme de la 2° compagnie d'éclaireurs des mobilisés de la Haute Marne."



L'officier de l'état civil enregistrera ces 37 décès sur  les registres du village; un monument aux morts à la mémoire de ces soldats morts au champ d'honneur sera érigé sur les lieux  par la suite.


liste des soldats décédés


Ils sont tous inscrits sur les registres de l'état civil de la commune de Marrault, avec pour chacun un acte de décès dûment renseigné.


Acte de décès soldat inconnu
Excepté pour 7 d'entre eux dont on ne connait rien d'autre que le nom du régiment dont ils faisaient partie et pour lesquels sera écrite cette mention: "sur lequel il n'a été trouvé aucun titre qui puisse en établir l'identité."




Les soldats de cette compagnie étaient, pour l'essentiel, originaires de la Haute Marne ou de la Meuse. 


Acte de décès de Joseph Hatt
C'est également dans cette compagnie que servait Joseph Hatt, caporal, mentionné au départ dans notre article, né à Pompier et fils du berger Jacob Hatt et de Catherine Ficulier.
La transcription de son décès a été faite en 1870 sur les registres de Chantraine (52)



Parmi ces soldats décédés à Marault figuraient deux officiers.


acte décès du lieutenant Levie-Ramolino
Le premier, André Napoléon Levie-Ramolino, natif de Corse, et fils d'Antoine Napoléon Lévie et de Marie Biadelli. Ce lieutenant était un petit neveu de Napoléon I° par la branche maternelle de l'empereur, Ramolino étant le nom de la famille de la mère de Napoléon I°, Marie Laétizia.


Arbre généalogique famille Napoléon I°



Le deuxième, Charles Hyppolite Dubos, capitaine de la garde nationale, gravement blessé, sera recueilli chez Pierre Gervilliers, cultivateur à Bologne. 

Il décédera le lendemain de la suite de ses blessures, son acte de décès étant inscrit sur les registres de Bologne, lieu de domicile de P Gervillier.


acte décès du Capitaine Dubos


Si vous passez dans le secteur, faites un détour par le bois de la Chesnoye, entre Marault et Brethenay, et consacrez un peu de votre temps à la recherche de ce monument dédié au souvenir des victimes de ce massacre de 1870, érigé par les membres de la société amicale et patriotique des combattants hauts-marnais.

Monument du bois de la Chesnoye

Commission 1870 du CGPJ





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